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Il restait planté là, le gamin. Le visage livide, les poings serrés à s'en blanchir les jointures, il observait maman se faire maraver sans esquisser le moindre geste. Pourtant, l'envie ne lui manquait pas ; au fond de lui rugissait l'envie d'intervenir et de prendre parti, d'écarter son père et de lui balancer les pires atrocités qu'un môme de six ans connaisse, de hurler à s'en déchirer les cordes vocales.
Pourtant, il restait là, les tympans bourdonnant des sanglots de sa mère, totalement impuissant. Et ce sentiment, il ne l'aimait pas. Il avait beau se dire qu'à six ans, il ne serait pas pris au sérieux ... ça lui donnait davantage l'impression de se chercher des excuses ou de trahir maman. Sa maman si douce et si tendre qui lui offrait toujours de larges sourires malgré ses ecchymoses ...
« Arrête de chialer ! C'est ta faute si j'te fais du mal. »
Pourtant, maman ne lui en voulait jamais. Peu importe si leurs regards se croisaient et qu'elle découvrait où il se terrait, dans l'attente d'une accalmie. Au contraire même, elle soupirait souvent, son corps semblant presque se détendre malgré les coups et les insultes qui pleuvaient alors...
« ... Tout va bien, petite tête ? »
À chaque fois, il venait la rejoindre dans la salle de bain lorsque son père se lassait et partait décuver ailleurs — souvent au milieu du salon, étalé contre la moquette imbibée de violence. Assis sur le bord de la baignoire, il aidait alors maman à désinfecter ses plaies à l'alcool (assurément la seule bouteille rescapée) et parsemait sa peau chocolatée de baisers magiques pour accélérer la guérison.
« C'est à moi de demander ça, pas à toi. ... Papa est méchant ...
- Ne dis pas ça... Il est gentil, quand il ne boit pas.
- Pourquoi il boit alors ? »
Pas un mot. Seul les crachotements lointains de la radio et un maigre sourire comme réponse.
***
La réserve du lac Simon n'était pas un mauvais endroit. La forêt était son terrain de jeu et le ciel constituait sa seule frontière. Ou du moins, c'était ce que lui racontait maman, pourtant bien loin d'arborer les mêmes traits si spécifiques aux autochtones. Typée plutôt afro-américaine, les voisins avaient pour habitude de la surveiller, les premiers mois, avant de s'habituer à son rire tonitruant et elle. Elle était d'un bon vivant communicatif et son imagination n'avait d'égal sa gentillesse. Étudiante en histoire, elle était arrivée un beau jour à la réserve, des questions débordant de ses lèvres à peine arrivée afin de compléter sa thèse sur les amérindiens... pour finir par ne plus les quitter, éperdue d'un homme qui devint son compagnon.
Malgré ses différences, elle en avait adopté la culture et se plaisait à la partager à son enfant, tout en mélangeant quelques anecdotes à propos de sa ville natale, New-York, qu'elle décrivait comme à mille lieues de la réserve et de son paysage à couper le souffle ...
Cependant, même en ayant une vue dégagée sur la nature dans ses plus beaux instants, vivre dans une réserve n'avait rien d'enviable ; la pauvreté y était omniprésente, les places de travail diminuaient chaque année un peu plus et bon nombre de couples éclataient, ravagés par la tension et l'alcool... qui demeurait leur seul plaisir. Ou leur seule réelle échappatoire.
Cela n'empêchait pas maman de rêver d'amour, étonnamment. Elle abreuvait son fils d'histoires fantastiques, de princes chevauchant des dragons, d'amour éternel ... et caressait toujours affectueusement la phrase écrite dans sa chair, qu'elle dissimulait pourtant aux yeux à l'aide d'un bandana. " C'est quelque chose de précieux et d'intime, Cheyenne. Quelque chose que je chéris ... et que j'aimerais garder rien que pour moi ! "
« Ceci, p'tite tête, c'est ton ticket pour l'amour éternel.
- Vraiment ? Comme dans tes histoires ?
- Oui, vraiment.
- Comme papa et toi ....?
- C'est plus compliqué que ça ... L'amour est timide, il n'hésite pas à se cacher !
- Ça veut dire que tu n'aimes pas papa d'amour ?
- Je n'ai pas dit ça, trésor.
- Je ne comprends pas....
- N'oublie pas de garder ton cœur ouvert et tu comprendras, quand tu seras plus grand !
- Pffeuh. »
Son rire résonna comme à chaque fois jusqu'au fond de son être, baignant son cœur de chaleur.
***
U.C
Heyo ! Mon pseudo est Sherkan Poontekins, même si Sherkan tout court – ou tous les surnoms que vous pourrez trouver – est parfait. Je sors tout juste d'une pause au niveau du rp et j'ai décidé de replonger dans ce monde avec votre forum qui, sincèrement, me plaît déjà beaucoup.
Je vous ai découvert sur un top-site et je n'ai pas pu m'empêcher de traîner un petit bout de chou avec moi (AKA Cassiopeia). Oh et je ne mords pas. Voilà voilà ~